A Most Disgusting Song [French translation]
A Most Disgusting Song [French translation]
J'ai joué dans tous
les rades possibles.
J'ai fait les bars à pédés,
les bars à putes, les funérailles à moto,
les opéras, les salles de concert
et les clubs de réinsertion.
Hé bien, je me suis rendu compte
dans tous ces entroits où j'ai joué,
que tous les gens pour qui j'ai joué
sont les mêmes.
Alors si vous écoutez bien,
vous reconnaîtrez peut-être quelqu'un
dans cette chanson.
Une chanson parfaitement répugnante.
Le maquerau du coin arrive en se la jouant,
l'air cool il s'asseoit avec un grand sourire
près d'une fille à qui on a jamais fait le coup.
Le barman réprime un sourire.
Les gagneuses quadrillent la salle,
une petite révérence et on passe la porte,
et la soirée commence tout doucement.
Et voilà Jimmy Butts dit "mauvais oeil"
qui adore vraiment
ces putes du dimanche sur East Lafayette.
Celui qui cause c'est l'avocat avec sa chemise fripée,
et chacun boit les décapants
qui n'arrivent pas à effacer la douleur.
Tandis que la mafia fournit les drogues,
le gouvernement fournit l'indifférence1,
et la garde nationale les pruneaux,
alors ils sont tous bien contents.
Il y a aussi Ralph, le vieux playboy
minable parmi les minables.2
Et ce type, le menton dans les mains,
qui en sait plus qu'il ne pourra jamais comprendre.
Ouais, chaque nuit c'est la même rengaine:
On se défonce, on se biture, on s'excite
à l'auberge glauque3, une fois de plus.
Et puis encore ce collégien à barbe
aux yeux vitreux
qui glisse à chaque robe parfumée
des murmures qui finissent en soupirs.
Et ce professeur
qui t'embrasserait à la française
mais n'a jamais pu donner d'amour,
n'a jamais su que mettre le grapin sur les femmes4.
Oui, messieurs-dames
c'est toutes les nuits pareil :
On va se calmer, se fossiliser
gentiment à la fête de M. Flood5, une fois de plus.
Maintenant le militant
avec son âme de prêt-à-porter.
Il y a quelqu'un ici
qui est presque vierge, il paraît.
Et aussi Linda la fille de verre
qui parle du passé,
fait des génuflexions et des saluts,
se signe et veille au grain.
Oui, ils sont tous là :
les petits blancs, les nègres obéissants,
les rousses, les brunes, les noisette
et les blondes décolorées,
qui parlent à leur chien, font la chasse aux morues
tout en espérant se faire serrer,
qui envoient leurs rêves dans le décor
et prétendent ensuite s'être fait voler.
Et ça sera comme ça chaque nuit :
On se défoncera, on se biturera, on s'excitera --
Perdus, même dans les Vignes de Martha, une fois de plus.
1. lit. "les haussements d'épaule"2. lit. "qui a toujours été plus petit que lui-même"3. jeu de mot avec "in between", un lieu intermédiaire, en demi-teinte4. lit. "il n'a jamais su que serrer terriblement". Je n'arrive pas à trouver un équivalent aussi élégant en français5. flood : innonder, noyer
- Artist:Sixto Rodríguez
- Album:Coming From Reality