La Chanson de La Palisse [English translation]

Songs   2024-11-29 23:53:07

La Chanson de La Palisse [English translation]

Messieurs, vous plaît-il d'ouïr

L'air du fameux La Palisse ?

Il pourra vous réjouir

Pourvu qu'il vous divertisse.

La Palisse eut peu de bien

Pour soutenir sa naissance,

Mais il ne manqua de rien

Dès qu'il fut dans l'abondance.

Bien instruit dès le berceau,

Jamais, tant il fut honnête,

Il ne mettait son chapeau,

Qu'il ne se couvrît la tête.

Il était affable et doux,

De l'humeur de feu son père,

Et n'entrait guère en courroux

Si ce n'est dans la colère.

Il buvait tous les matins,

Un doigt, tiré de la tonne,

Et mangeant chez ses voisins,

Il s'y trouvait en personne.

Il voulait aux bons repas

Des mets exquis et fort tendres,

Et faisait son Mardi Gras,

Toujours la veille des Cendres.

Ses valets étaient soigneux

De le servir d'andouillettes,

Et n'oubliaient pas les œufs,

Surtout dans les omelettes.

De l'inventeur du raisin,

Il révérait la mémoire ;

Et pour bien goûter le vin

Jugeait qu'il en fallait boire.

Il disait que le nouveau

Avait pour lui plus d'amorce ;

Et moins il y mettait d'eau

Plus il y trouvait de force.

Il consultait rarement

Hippocrate et sa doctrine,

Et se purgeait seulement

Lorsqu'il prenait médecine.

Il aimait à prendre l'air

Quand la saison était bonne ;

Et n'attendait pas l'hiver

Pour vendanger en automne.

Il épousa, se dit-on,

Une vertueuse dame ;

S'il avait vécu garçon,

Il n'aurait pas eu de femme.

Il en fut toujours chéri,

Elle n'était point jalouse ;

Sitôt qu'il fut son mari,

Elle devint son épouse.

D'un air galant et badin

Il courtisait sa Caliste,

Sans jamais être chagrin,

Qu'au moment qu'il était triste.

Il passa près de huit ans,

Avec elle, fort à l'aise ;

Il eut jusqu'à huit enfants :

C'était la moitié de seize.

On dit que, dans ses amours,

Il fut caressé des belles,

Qui le suivirent toujours,

Tant qu'il marchât devant elles.

Il brillait comme un soleil ;

Sa chevelure était blonde :

Il n'eût pas eu son pareil,

S'il avait été seul au monde.

Il eut des talents divers,

Même on assure une chose :

Quand il écrivait des vers,

Qu'il n'écrivait pas en prose.

Au piquet, par tout pays,

Il jouait suivant sa pente,

Et comptait quatre-vingt-dix,

Lorsqu'il faisait un nonante.

Il savait les autres jeux,

Qu'on joue à l'académie,

Et n'était pas malheureux,

Tant qu'il gagnait la partie.

En matière de rébus,

Il n'avait pas son semblable :

S'il eût fait des impromptus,

Il en eût été capable.

Il savait un triolet,

Bien mieux que sa patenôtre :

Quand il chantait un couplet,

Il n'en chantait pas un autre.

Il expliqua doctement

La physique et la morale :

Il soutint qu'une jument

Est toujours une cavale.

Par un discours sérieux,

Il prouva que la berlue

Et les autres maux des yeux

Sont contraires à la vue.

Chacun alors applaudit

À sa science inouïe :

Tout homme qui l'entendit

N'avait pas perdu l'ouïe.

Il prétendit, en un mois,

Lire toute l'Écriture,

Et l'aurait lue une fois,

S'il en eût fait la lecture.

Il fut à la vérité,

Un danseur assez vulgaire ;

Mais il n'eût pas mal chanté,

S'il avait voulu se taire.

Il eut la goutte à Paris,

Longtemps cloué sur sa couche,

En y poussant des hauts cris,

Il ouvrait bien fort la bouche.

Par son esprit et son air

Il s'acquit le don de plaire ;

Le Roi l'eût fait Duc et Pair,

S'il avait voulu le faire.

Mieux que tout autre il savait

À la cour jouer son rôle :

Et jamais lorsqu'il buvait

Ne disait une parole.

On s'étonne, sans raison,

D'une chose très commune ;

C'est qu'il vendit sa maison :

Il fallait qu'il en eût une.

Il choisissait prudemment

De deux choses la meilleure ;

Et répétait fréquemment

Ce qu'il disait à toute heure.

Lorsqu'en sa maison des champs

Il vivait libre et tranquille,

On aurait perdu son temps

À le chercher à la ville.

Un jour il fut assigné

Devant son juge ordinaire ;

S'il eût été condamné,

Il eût perdu son affaire.

Il voyageait volontiers,

Courant par tout le royaume ;

Quand il était à Poitiers,

Il n'était pas à Vendôme.

Il se plaisait en bateau ;

Et soit en paix, soit en guerre,

Il allait toujours par eau,

À moins qu'il n'allât par terre.

On raconte, que jamais

Il ne pouvait se résoudre

À charger ses pistolets,

Quand il n'avait pas de poudre.

On ne le vit jamais las,

Ni sujet à la paresse :

Tant qu'il ne dormait pas,

On tient qu'il veillait sans cesse.

Un beau jour, s'étant fourré

Dans un profond marécage,

Il y serait demeuré,

S'il n'eût pas trouvé passage.

Il fuyait assez l'excès ;

Mais dans les cas d'importance,

Quand il se mettait en frais,

Il se mettait en dépense.

C'était un homme de cœur,

Insatiable de gloire ;

Lorsqu'il était le vainqueur,

Il remportait la victoire.

Les places qu'il attaquait,

À peine osaient se défendre ;

Et jamais il ne manquait

Celles qu'on lui voyait prendre.

Dans un superbe tournoi,

Prêt à fournir sa carrière,

Il parut devant le Roi :

Il n'était donc pas derrière.

Monté sur un cheval noir,

Les dames le reconnurent ;

Et c'est là qu'il se fit voir

À tous ceux qui l'aperçurent.

Mais bien qu'il fût vigoureux,

Bien qu'il fût le diable à quatre,

Il ne renversa que ceux

Qu'il eut l'adresse d'abattre.

Un devin, pour deux testons,

Lui dit, d'une voix hardie,

Qu'il mourrait delà des monts

S'il mourait en Lombardie.

Il y mourut, ce héros,

Personne aujourd'hui n'en doute ;

Sitôt qu'il eut les yeux clos,

Aussitôt il n'y vit goutte.

Monsieur d'la Palisse est mort,

Il est mort devant Pavie,

Un quart d'heure avant sa mort,

Il était encore en vie.

Il fut, par un triste sort,

Blessé d'une main cruelle.

On croit, puisqu'il en est mort,

Que la plaie était mortelle.

Regretté de ses soldats,

Il mourut digne d'envie ;

Et le jour de son trépas

Fut le dernier jour de sa vie.

Il mourut le vendredi,

Le dernier jour de son âge ;

S'il fût mort le samedi,

Il eût vécu davantage.

J'ai lu dans les vieux écrits

Qui contiennent son histoire,

Qu'il irait en Paradis,

S'il n'était en Purgatoire.

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  • country:France
  • Languages:French, French (Picard), Dutch dialects, French (Middle French)
  • Genre:Folk
  • Official site:
  • Wiki:http://fr.wikipedia.org/wiki/Chanson_traditionnelle_fran%C3%A7aise#Quelques_caract.C3.A9ristiques_de_ce_r.C3.A9pertoire
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