Complainte africaine lyrics
Complainte africaine lyrics
Sur une histoire onirique je me réveille un matin
Tout droit revenant d'Afrique où j'avais changé de teint
Je vivais en esclavage avec les miens, ne riez pas
Sous le joug de sauvages qu'on appelle négriers
Aux nôtres ils nous ravirent tout ça pour nous emporter
Enchaînés sur un navire voguant vers la liberté
Et lorsqu'ils nous installèrent dans leurs cales de malheur
Je n'vous dis pas la galère, la gadoue et la douleur
L'air marin creusait nos mines, nous mettait en appétit
De sorte que la famine gagnait petit à petit
Le voyage en d'autres termes n'était pas de tout repos
Bien de frères d'épiderme devaient y laisser leur peau
Et pour ceux qui survécurent, la fin de la traversée
Loin d'être une sinécure, au contraire allait gercer
Les corps devenus étiques desséchaient incontinent
Et devenaient squelettiques sur le nouveau continent
Car nous restions en carafe à leur cueillir le café
Faut bien peigner la girafe quand on n'est pas né coiffé
Par goût anthropométrique tous les matins un maton
Nous matraque à coup de trique, nous fait tâter du bâton
Remarquez, s'il nous esquintent c'est pour mieux nous éduquer
Les coups sur la coloquinte afin de nous inculquer
De rester à leur service ils vont jusqu'à se blanchir
En fait, s'ils nous asservissent c'est pour mieux nous affranchir
Fatigué qu'on me chahute, qu'on me passe au laminoir
Comme un diable de ma hutte je sors leur brailler du noir
Puis sur tant d'ingratitude j'allais déverser mes pleurs
J'en ai, pauvre négritude, vu de toutes les couleurs
J'aurais pu, dans la savane africaine, j'aurai pu
Naître nègre ou bien havane, cambrée aux cheveux crépus
Pourtant il était écrit que je naisse blanche, mais au fond
J'aurais pu naître en Afrique et jouer du balafon.
- Artist:Bïa Krieger
- Album:La mémoire du vent (1997)